Inde : Blanche-Neige, ambassadrice de la culture du monde

30 Juillet 2013


En Inde, dans le Tamil Nadu, l’école de Chinmaya Vidyalaya, située dans l’un des quartiers de Chennai, s’est investie dans un partenariat avec le British Council depuis juin 2012. Des spectacles à chaque fin de trimestre sont organisés par les enfants afin de les faire voyager dans les univers des autres cultures, dès le plus jeune âge. Entretien avec Padma Malini et Uma Sriram.


Crédit Photo -- Florence Carrot | Le Journal International
Gardons le sourire », l’expression fétiche de l’école Chinmaya Vidyalaya située à Chennai dans le Tamil Nadu prend tout son sens lorsque ses élèves nous transportent dans un voyage aux mille et une couleurs. À travers une originale création : le célèbre conte de fées de Blanche Neige, revisité. Appréciée par petits et grands dans le monde entier, l’une des histoires d'enfance les plus influentes donne aux adultes une leçon de tolérance.

dans ce petit spectacle créé entièrement par des enfants, on retrouve, bien évidemment, les sept nains, Blanche-Neige et la méchante sorcière, mais dans cette « version », la pomme empoisonnée est remplacée par des hanamis (fleurs du Japon) ou encore par des tortillas. De même, la belle robe de la princesse se transforme en kimono, en robe de flamenco, ou encore celle-ci se retrouve guidée par l’éthique vestimentaire du Bhoutan : le Driglam Namzha.

Un invité international est attendu à chaque représentation, afin que lui aussi, improvise un discours sur le pays d’où il vient. À chaque fois, les enfants attendent son avis avec impatience, car il n’est pas seulement un spectateur, mais surtout le juge de leur dur labeur. Des invités venus de France, du Japon et de bien d’autres pays ont déjà assisté aux différentes représentations, toujours empreintes d’humour et d’un véritable travail collectif. « Cette idée d’habiller Blanche Neige selon les saisons de chaque pays, et de l’empoisonner avec les trésors locaux est une excellente initiative. Cela permet d’accéder très facilement aux différences culturelles et de les apprécier d’autant plus », nous confis Kumar, spectateur admiratif, mais aussi l’un des étudiants plus âgés de l’école.

Après avoir reçu des commentaires très encourageants - de la part des parents, mais aussi des élèves - l’école est bien déterminée à mener à bien le partenariat international avec le British Council. Rien n’aurait en effet été possible sans l’initiative de l’organisation anglaise. « Les élèves souhaitent que des programmes de ce genre soient initiés en plus grand nombre, cela les motive et les pousse à être encore plus curieux et créatifs », explique l’initiatrice du projet, Uma Sriram.

Le public est sorti enchanter par la performance scénique, et par autant d’investissement. « Blanche Neige a encore prouvé qu’il ne fallait jamais se fier aux premières apparences, qu’en jugeant les autres nous pouvions nous tromper, et que le Mal sera toujours vaincu par les bons et les justes », ajoute l’une des professeurs présentes. Alors que la méfiance envers les étrangers semble devenir un sentiment, une réalité de plus en plus palpable en Inde, les enfants ont enseigné la « leçon de l’Amour de l’autre » à leurs parents. Rappelant qu’au pays de Gandhi, quelles que soient nos origines, nous étions tous des frères.




Entretien avec Padma Malini et Uma Sriram.

Après le spectacle, Padma Malini, professeur principale, et Uma Sriram, coordinatrice du mouvement incitant à la tolérance, nous livrent leurs réactions et leurs envies d’aller encore plus loin avec ce partenariat.


Pourquoi votre école a-t-elle rejoint le programme du « British Council » ?

Nous avons estimé qu’il était nécessaire de permettre à notre école de bénéficier de l’image du British Council, afin de l’intégrer dans une perspective internationale. Cela permet à nos étudiants de découvrir le monde dans son intégralité, et d’interagir à travers différents projets et activités.


Comment les enfants ont-ils préparé le spectacle ? Ont-ils apprécié ce tour du monde ?

Cela a été une merveilleuse expérience, surtout que les enfants à cet âge innocent sont plus réceptifs et créatifs pour changer le monde. Le travail derrière ce spectacle a été énorme. Les parents et les enfants se sont vraiment investis, et se sont montrés très enthousiastes à l’idée d’apprendre les traditions et les coutumes d'autres pays.


Pourquoi avez-vous pensé à Blanche Neige ? Est-ce que sont les enfants eux-mêmes qui ont choisi les pays ? Pourquoi avez-vous pris le thème des habits dans le monde ?

Notre concept de Blanche Neige est que la Reine se déguise et voyage dans le monde entier pour la trouver. Il nous a semblé que ce conte s’adaptait au thème des costumes selon les saisons dans les différents pays. Nous avons choisi le thème des habits autour du monde, car les vêtements représentent la part évidente d’une culture, d’une nationalité et du caractère d’un peuple. Les coutumes nationales ou régionales expriment leurs identités, et accentuent encore plus la fierté nationale d’une culture exceptionnelle et unique. Les exemples les plus concrets, et évident, pour illustrer ces spécificités ont certainement été celui du kilt écossais et du kimono japonais. Avec l’aide et l’approbation du British Council, chaque classe a sélectionné son thème et quelques pays qui les intéressaient comme le Japon, l’Espagne ou encore le Bhoutan. De nombreux pays ont été explorés à travers différents sujets pour amener la classe à retenir un minimum d’informations sur chaque culture.


Quel est l’élément le plus important à retenir selon vous ? Quel est le but de ce programme pour les enfants ?

Ce projet a été fondé dans le but d’étudier les cultures et les traditions de divers pays et de montrer comment chacun peut s’adapter aux nouvelles conditions qu’impose un nouvel horizon. Les habits en sont la première illustration évidente, les vêtements reflétant l’apparence et l’allure de chaque personne. Les élèves ont donc choisi quels types de costume étaient portés, et à quelle époque de l’année, afin de refléter l’éthique et la philosophie d’une variété de régions spécifiques.

Le but de ce programme a été avant tout d’apprendre aux enfants comment respecter les différences selon les traditions de tous les peuples, mais aussi de découvrir quelques similarités parfois. Cela s’intègre bien sûr dans une perspective mondiale d’ouverture d’esprit. À cet âge de la tendresse, ils sont bien plus réceptifs et ont été capables de parcourir le monde entier sans le juger, n’ayant aucun préjugé ni frein à explorer d’autres pays que le leur. Une douce entrée sur le terrain international aide à développer les fonctions cognitives de l’enfant.


Votre école a-t-elle des partenariats internationaux avec d’autres milieux scolaires afin de faciliter cette ouverture d’esprit ?

Oui. Nous nous sommes lancés sur les programmes d’échanges entre les écoles de plusieurs pays, comme l’Italie, le Japon, la Thaïlande. Ces partenariats sont, bien sûr, approuvés par le gouvernement indien. Nos élèves passent une année dans l’un de nos pays d’accueil, avec une famille qui accepte de les recevoir. Cela leur permet de découvrir la culture d’un autre pays à l’école, à travers de nouvelles façons de célébrer les festivals, de tisser des liens avec des personnes venues d’ailleurs. Notamment avec leur famille d’accueil, de s’initier à de nouvelles formes de plaisir culinaires.


Que pensez-vous de la formation en Inde ? Comment, selon vous, devrait être menée l’éducation ?

Les Indiens reçoivent une éducation appropriée, et en progrès. Ils sont très intelligents et s’adaptent très facilement aux changements sociétaux. Nous croyons profondément qu’il faut que l’école soit gratuite et obligatoire au moins jusqu’à 14 ans. Ensuite, les enfants devraient suivre des cours ouverts à tous, les encourageant à travers des activités ludiques, et leur travail à s’exprimer librement sans être limités par des livres trop scolaires, ou leurs notes révélant leur niveau à chaque programme.



Etudiante en sciences politiques à l'Université Lyon 2 et ayant la chance de passer un an en Inde,… En savoir plus sur cet auteur